Rencontre avec Silvio Tirel

Publié le par Alexey

Faute de plus de matière en ce moment même (et aussi dans l'attente d'un prochain cadeau de Nut ;) ), un nouvel extrait mettant en scène Silvio Tirel, maître de forge à Waldief et Alderheim...

Je me suis beaucoup amusé avec ce personnage (qui n'a pas fini de m'occuper d'ailleurs).

 

Je reste à l'écoute de vos critiques ;)

 

Enjoy !

 

NB : Vous connaissez la chanson, textes protégés, tout ça...

 

 

 

Non moins luxueux, l’intérieur avait toutefois été délesté des tables disposées quelques jours auparavant, pour le banquet qui avait accueillis les processions de Valognes et de Waldief.

Sur la cathèdre seigneuriale avait pris place Sybille Bettany, maîtresse des lieux, qui jouait négligemment avec son chien, le caressant du bout des doigts. Elle était comme de coutume ravissante, parée d’une robe de mousseline aux couleurs sobres et d’une panoplie de perles de différentes tailles.

Le regard de Silvio entama un minutieux examen de la pièce et il trouva finalement ce qu’il cherchait. Dans un coin, lui tournant le dos, Siegfried observait au dehors, par une fenêtre ouverte qui dominait le lac. Un raclement de gorge indiscret lui fit tourner la tête.

« Silvio Tirel…

- Mon Khânat… »

Siegfried fit volte face et s’avança vers son sujet. Son maintien droit et noble forçait comme d’habitude le respect et ses presque deux mètres de hauteur le plaçaient quelque part très haut au-dessus du lutin.

« Vous m’avez fait mander, Messire ? »

Malgré le cérémonial de sa voix, il semblait parfaitement à l’aise.

« J’ai reçu une… plainte, Silvio. Du Khânat Enrich. Il prétend qu’un convoi est arrivé en Soubresault il y a une semaine avec moitié moins que ce qu’il espérait.

- Diantre ! Sait-on qui était l’affréteur de ce convoi, Messire ? »

Depuis son royal siège, Sybille laissa échapper un soupir mi-amusé, mi-agacé, auquel Silvio répondit par un sourire naïf. Siegfried, en revanche, prenait la chose avec moins de légèreté.

« Il prétend que tu étais sensé livrer une douzaine d’épées et deux fois plus de piques. Il n’a reçu que les lances et encore, de mauvaise facture.

- Je suppose qu’il connait dans ce cas les méthodes que je préconise, Messire. Qu’il me renvoie la marchandise et je verrais si le travail a effectivement été négligé.

- Et les épées, Silvio ? »

L’artisan, pour une fois, ne plaisantait pas. Il s’avança d’un pas et remua les bras avec cérémonie.

« Messire, je vous prie ! Silvio Tirel est un créateur de génie. Il n’est ni un escroc, ni un voleur, et moins encore un menteur ! Ce Khânat vous abuse, il ne m’a réglé que les lances et je tiens mes comptes à votre auguste attention s’il s’obstine à avancer le contraire. »

Siegfried l’évalua un long moment.

« Ce ne sera pas nécessaire. Pour le moment. Contente-toi de lui envoyer six lances supplémentaires et veille à ce qu’elles soient bien ouvragées… S’il le faut, je vérifierais moi-même…

- Inutile de vous donner cette peine, mon Khânat.

- Bien. La question est donc réglée, et je ne t’ai pas convoqué pour ça, Silvio. »

Le petit artisan se redressa, vaguement intrigué. Ses pattes arquées et définitivement trop courtes lui donnaient, dans cette position, des airs de fouineur indiscret qui tenterait d’observer par-dessus un mur. Sybille semblait l’étudier avec le plus grand intérêt.

« J’aurais besoin que tu me réalises un ouvrage… disons… particulier.

- Messire ? »

Silvio ne comprenait pas bien mais sentait que la demande revêtait un caractère très singulier. L’attitude de son suzerain l’intriguait plus encore que la nature de sa demande. Il se concentra un peu plus, l’esprit alerte tandis que Siegfried continuait de tourner autour du pot.

« Rien qui ne dépasse tes compétences, j’en suis certain, mais je gage que tu n’aies jamais eu à façonner ce type d’objet.

- J’ai peur de ne pas vous suivre, mon Khânat. Demandez, je vous prie, je suis votre serviteur. »

Le seigneur de Waldief, vigilant, s’approcha plus encore de l’artisan et se pencha, le visage sévère.

« J’aimerais que tu façonnes une couronne, Silvio. Quelque chose de simple et de fonctionnel. Et inutile de te dire qu’il faut que ce soit toi et nul autre. »

Allons bon, qu’avait-il donc inventé encore ? Songea d’abord le petit artisan. La surprise passée, toutefois, il ne pouvait s’empêcher de penser au prestige qu’une telle création lui apporterait. Sentant que l’atmosphère s’appesantissait, Silvio reprit d’un ton amusé.

« Mon Seigneur, tout ce qu’il vous plaira tant que vous me taisez son utilité… Je ne souhaite pas être le complice de vos fantasmes dissolus…

- Surveille ton langage dans ma demeure, lutin. »

Bien que rugueux, le timbre de voix de Siegfried semblait plus amusé que choqué.

« Me faut-il réaliser un sceptre par la même occasion, Sire ? Peut-être lui trouverez vous aussi un usage similaire ? »

Cette fois, le nain se départit d’un sourire angélique qui n’amusa pas son suzerain.

« Ho, bien, bien, je vois que mon esprit est encore incompris… Si cela peut vous faire plaisir, Messire, je m’en irais réaliser moi-même cet ouvrage… Puis-je savoir à quelle fin vous le destinez ? »

Siegfried se détourna et reprit son observatoire, face à la fenêtre. Il mit un long moment à formuler sa réponse.

« Je crains que cette information ne puisse encore être dévoilée, Silvio. J’ai besoin d’une couronne et je la veux réalisée dans la plus grande discrétion.

- Bien, de qui dois-je donc prendre les mesures, mon Khânat ? » L’artisan semblait beaucoup s’amuser au contraire de son suzerain qui le fit taire d’un regard froid.

« Soit, soit, Messire. Puis-je au moins savoir dans quelle matière vous la désirez ou estimez-vous que l’information ne me regarde pas ? »

Siegfried ignora le sarcasme.

« De fer. Noir de préférence. Je te sais habile pour ces couleurs. Aucune parure ni aucune dent. Je la veux ronde et droite. Une alliance sur la tête. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Oui, oui, bien sûr Messire… Mais… de fer ? »

Silvio afficha une mine faussement boudeuse et s’agita, remuant les bras.

« Vous n’y pensez pas, enfin… Je suis un artiste, Sire. Que diriez-vous d’une belle couronne en or, sertie de rubis ? Non ? Alors, de l’ivoire, au moins, je puis aisément en importer dep… non ? Bien, alors, ce sera en fer, Messire. »

Publié dans Découvrir Promesse

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A
<br /> J'oubliais que tu avais lu le Trône de Fer, toi... En effet, il ressemble un peu à Tyrion Lannister... A la différence qu'il n'est pas noble, je dirais... Mais pour le caractère, je l'espère plus<br /> tranchant encore ! (Ce qui est déjà un exploit en soi...)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Oui mais si c'est un fourbe lubrique à la Tyrion ca reste tout de même bon (ooouh la rime) ^^<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Hola, attention, je te vois venir, toi... Un nain, oui, mais au sens... disons... morphologique tu terme !<br /> Une homme de petite taille, quoi...<br /> N'espère pas le voir porter une longue barbe rousse, hin...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> ...un...nain? oO<br /> <br /> <br /> ^^<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Je l'aime bien ce petit Silvio... :]<br /> <br /> <br />
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